Bien que son détachement précurseur soit arrivé en France dès novembre 1943, le Flak Regiment 155 ne s'y installe que dans les premiers jours de 1944. Il est intégré au LXV. A.K (65e Corps d'Armée) qui vient d'être créé pour, en quelque sorte, fédérer les trois futurs systèmes d'armes secrètes V1, V2 et V3. Dans un premier temps, Max Wachtel prend le pseudonyme de Martin Wolf, l'uniforme de l'O.T (Organisation Todt) et installe son P.C au château de Merlemont ( 8 Km sud-est de Beauvais).

    Né le 6 juin 1897 à Rostock, on peut penser que Max Wachtel est à ce titre plus que tout autre sensible aux destructions subies par sa ville natale dès avril 1942. C'est comme artilleur qu'il participe à la première, puis à la deuxième Guerre Mondiale avant que ne lui soit confié, début 1943, la lourde tâche de mettre en œuvre la nouvelle arme. Le Flak Regiment 155 (W) pour Werfer (lanceur) à l'effectif théorique de 6 630 hommes, se structure en quatre Abteilungen (bataillons) plus une Luftnachrichten Abteilung de transmission incluant une section de repérage et une unité météo ainsi que trois compagnies de service. Dans la mise en place initiale, ces quatre Abteilungen sont réparties de la frontière belge à la Seine, exception faite de l' Abteilung IV , dont une moitié est placée dans le Cotentin. L'unité météo, dont l'importance est capitale dans la mise en œuvre du FZG 76 s'installe pour sa part dans un ouvrage bétonné à Doullens, la Zentrale « Dohle ».

    Après d'ultimes essais réalisés entre le 14 et le 17 avril 1944 au polygone de Blizna, Wachtel en est toujours réduit à attendre un approvisionnement qui n'est encore que de 130 FZG 76 par jour. Après trois reports successifs, le dernier virage est abordé avec le mois de mai au cours duquel la préparation approche de son terme et le régiment est prêt pour déclencher l'offensive.

    Le 15 mai, la demi Abteilung est retirée du Cotentin, ce qui tendrait à prouver que les Allemands avaient, plus qu'il est admis, connaissance du lieu de l'invasion. Le lendemain, alors que les hommes de Wachtel investissent les gros dépôts (St Leu et Nucourt), Hitler ordonne l'ouverture du feu pour la mi juin. Mais c'est aussi la période où les attaques alliées sur les nœuds ferroviaires vont se confondre avec celles de sites. Le 6 juin, à 01 h 30, Wachtel est informé du début de l'invasion et à 17 h 45 il reçoit le mot d'ordre Rumpelkammer (débarras). A partir de cet instant, il dispose de six jours pour monter les catapultes et approvisionner les sites. Le 10 juin, Wachtel reprend son uniforme de la Luftwaffe et rejoint son P.C de Saleux. Le 11 juin arrive l'ordre de tir Eisbär mais aucune des bases n'est en état d'ouvrir le feu et l'opération est alors reportée de 24 heures. Rien n'étant véritablement venu améliorer la situation, et après un ultime délai d'une heure, il est décidé d'attendre l'aube. Le mardi 13 juin à 03 h 50, le premier FZG 76 s'envole enfin. Sa trajectoire, d'après les relevés radar anglais provient de la région de Hesdin et se superpose exactement au site de la Haie Renault (base 109). Ce premier tir pouvant bien être celui qui a touché Gravesend 23 minutes plus tard. Des dix catapultes utilisables sur les 36 disponibles, dix FZG 76 prendront leur envol. L'état actuel des recherches ne permet cependant d'en retrouver que six, y compris celle déjà mentionnée. Quatre FZG 76 parviennent en Grande-Bretagne ; à Gravesend donc, puis Cuckfield, Bethnal Green et Sevenoaks. Celui de Bethnal Green est le seul à y causer la chute d'un pont et la mort de six personnes. A Saleux, la déception est grande et Wachtel fait camoufler les bases en attendant de reprendre l'offensive avec de plus importants moyens. C'est chose faite le 15 juin et Wachtel dispose alors de 56 catapultes. Ce nombre restera désormais constant, bien souvent supérieur, jusqu'aux derniers jours de l'offensive. Le 15 juin donc, sous un ciel propice, bas et pluvieux, ce sont 244 FZG 76 qui s'envolent et 144 d'entre eux atteignent la Grande-Bretagne. L 'effet de surprise est perdu mais l'échec du 12 juin est effacé. Après les accidents des premiers jours, la cadence de tir tend à se stabiliser et dès le 18 juin est tiré le 500 e FZG 76. Dans la logique de cette offensive, c'est le 23 juin qu'il est pour la première fois fait mention de l'appellation « V1 »pour Velgeltungswaffe (arme de représailles). Elle émane du ministère de la propagande et sera reprise dès le lendemain par l'agence D.N.B. Le 29 juin est tiré le 2 000 e V1 et moins d'un mois plus tard est atteint le chiffre de 5 000, ce qui se traduit bien évidemment par un nombre croissant de victimes dans Londres et sa périphérie. Parmi les plus graves, on peut citer :

    Le 18 juin, destruction de la chapelle de la caserne Wellington et la mort de 121 officiers et soldats
    Le 30 juin et 2 juillet, mort de 188 personnes dont 64 soldats américains à Chelsea
    Le 30 juin toujours, 48 morts à Aldwych
    Le 28 juillet, 59 morts dans Lewisham High Street
    Le 3 août, 44 morts à Beckenham-Bromley

   Pendant que se déroulent ces opérations, les Allemands ne cessent de construire de nouveaux sites, toujours plus simples et plus discrets. Il est même un temps envisagé de créer un second régiment, le Flak Regiment 255 (W) dont le centre de gravité serait placé sur le secteur Rouen/Caen. L'avance des Alliés en décidera autrement, mais le déploiement en Belgique est maintenu et Wachtel préconise déjà la construction de sites aux Pays-Bas.

    Le 3 août, malgré un nombre record de 316 V1 tirés, dont 107 atteignent Londres et même l'emblématique Tower Bridge, c'est un peu le « début de la fin ». Le 7 août, Wachtel ne fait réparer les bases que si cela peut être réalisé rapidement. Le 10, l'ordre de préparer le repli tombe et les III . et IV. Abteilung ne tardent pas à cesser le tir. Le 23 août, alors que Wachtel quitte son P.C de Saleux, un V1 frappe East Barnett et tue 211 personnes, soit le chiffre le plus élevé atteint avec une seule bombe volante. Il ne reste bientôt plus que les sites au nord de la Somme et après un dernier tir dans la région d'Amiens, le soir du 31, le repli définitif s'amorce. Seule une douzaine de V1 quitte encore les catapultes du secteur de Saint-Omer dans la matinée du 1 er septembre avant que le régiment au complet entame la retraite.

    En 80 jours d'offensive, 8 617 V1 ont été tirés. Ils ont détruit 24 491 maisons, en ont endommagé 52 293 mais surtout ont tué 7 810 personnes et en ont blessé 17 981 autres. Dans leur lutte contre les sites de lancement, les Alliés ont perdu 443 avions et 2 924 hommes d'équipage.

 

   Né en 1948, il se passionne dès son plus jeune age pour la Seconde Guerre Mondiale, puis plus précisément pour les fortifications de cette période.

   En 1977, il rédige déjà dans la Gazette des armes, un premier article qui a longtemps fait référence sur les bases de V1. Dans les revues Archéologie Bunker, Le mur et fortifications, il signe ensuite une série d'articles consacrée aux radars allemands, aux batteries "Todt", "Lindermann", Plouharnel" ainsi qu'aux défenses de plages et "Panzertellung". Dans le même esprit, il publie en 1988 un livre récapitulatif des ouvrages cötiers de l'armée de terre (Heer) dits de la série 600. Il réalise par ailleurs de nombreux travaux de dessin pour d'autres publications ou guides e visite, autant en France qu'en Allemagne.

   Le V1, arme du désespoir qu'il publie maintenant chez Lela Presse www.avionsbateaux.com est le fruit de vingt ans de recherche sur l'arme, mais aussi les bases qui ont ....
   Né en 1948, il se passionne dès son plus jeune age pour la Seconde Guerre Mondiale, puis plus précisément pour les fortifications de cette période.

   En 1977, il rédige déjà dans la Gazette des armes, un premier article qui a longtemps fait référence sur les bases de V1. Dans les revues Archéologie Bunker, Le mur et fortifications, il signe ensuite une série d'articles consacrée aux radars allemands, aux batteries "Todt", "Lindermann", Plouharnel" ainsi qu'aux défenses de plages et "Panzertellung". Dans le même esprit, il publie en 1988 un livre récapitulatif des ouvrages cötiers de l'armée de terre (Heer) dits de la série 600. Il réalise par ailleurs de nombreux travaux de dessin pour d'autres publications ou guides e visite, autant en France qu'en Allemagne.

   Le V1, arme du désespoir qu'il publie maintenant chez Lela Presse www.avionsbateaux.com est le fruit de vingt ans de recherche sur l'arme, mais aussi les bases qui ont ....
O   F   F   E   N   S   I   V   E     E   T   E     4  4
DEPLOIEMENT COMPLET DU DISPOSITIF V1
( Projeté et réalisé )

Par Yannick Delefosse

Témoins du passé