Abdeckrohr
Jonc d'étanchéité
   Né en 1948, il se passionne dès son plus jeune age pour la Seconde Guerre Mondiale, puis plus précisément pour les fortifications de cette période.

   En 1977, il rédige déjà dans la Gazette des armes, un premier article qui a longtemps fait référence sur les bases de V1. Dans les revues Archéologie Bunker, Le mur et fortifications, il signe ensuite une série d'articles consacrée aux radars allemands, aux batteries "Todt", "Lindermann", Plouharnel" ainsi qu'aux défenses de plages et "Panzertellung". Dans le même esprit, il publie en 1988 un livre récapitulatif des ouvrages cötiers de l'armée de terre (Heer) dits de la série 600. Il réalise par ailleurs de nombreux travaux de dessin pour d'autres publications ou guides e visite, autant en France qu'en Allemagne.

   Le V1, arme du désespoir qu'il publie maintenant chez Lela Presse www.avionsbateaux.com est le fruit de vingt ans de recherche sur l'arme, mais aussi les bases qui ont ....
   Né en 1948, il se passionne dès son plus jeune age pour la Seconde Guerre Mondiale, puis plus précisément pour les fortifications de cette période.

   En 1977, il rédige déjà dans la Gazette des armes, un premier article qui a longtemps fait référence sur les bases de V1. Dans les revues Archéologie Bunker, Le mur et fortifications, il signe ensuite une série d'articles consacrée aux radars allemands, aux batteries "Todt", "Lindermann", Plouharnel" ainsi qu'aux défenses de plages et "Panzertellung". Dans le même esprit, il publie en 1988 un livre récapitulatif des ouvrages cötiers de l'armée de terre (Heer) dits de la série 600. Il réalise par ailleurs de nombreux travaux de dessin pour d'autres publications ou guides e visite, autant en France qu'en Allemagne.

   Le V1, arme du désespoir qu'il publie maintenant chez Lela Presse www.avionsbateaux.com est le fruit de vingt ans de recherche sur l'arme, mais aussi les bases qui ont ....
U  N     T   I   R     D  E    V   1
19g
Bescheleunigung
Accélération
0,6 s
Beschleunigungszeit
Temps d'accélération
Schleuderkolben
Piston
Schlitten
Patin
Schleuderzeit
Durée de catapultage
Schleuderweg
Longueur de catapultage
45 m
0,8 /1 s
Oberwagen
Berceau roulant
Uterwagen
Chariot porteur
19 g
Beschleunigung
Acccélération
Dampfdruck
Pression
58 b
Dampferzeugzer
Générateur de vapeur
             Zubringerwagen
Chariot de transbordement
Der Schleuderstart (Schematische Darstellung) - Le catapultage (Schéma de principe)

DESCRIPTION D'UN TIR

Par son principe même le pulsoréacteur ne fonctionne seul qu'à partir d'une vitesse théorique minimum de 241 km/h qui ne peut lui être imprimée que par un moyen auxiliaire, avion-porteur ou dans le cas d'un lancement au sol, à partir d'une catapulte. Celle-ci n'est cependant qu'un guide-support pour le FZG 76 et ne peut fonctionner qu'avec d'autres éléments que nous allons voir dans l'ordre suivant :
     - un appareil de préparation au lancement Anlassgerät qui va amener la bombe volante en condition de lancement ;
     - un générateur de vapeur Dampferzeuger qui fournit l'énergie nécessaire à la propulsion ;
     - un piston qui transmet cette énergie à la bombe volante ;
     - un ensemble de transport Zubringerwagen spécialement étudié pour faciliter le transport de la bombe volante, puis sa mise en place au poste de tir, et enfin son soutien partiel jusqu'à son envol ;
     - un matériel d'étalonnage Bumskopf qui permet de contrôler le bon fonctionnement de cet ensemble avant la mise en œuvre opérationnelle.

La catapulte  : Inclinée à 6°, elle a une longueur totale de 49.00 m et se compose de neuf tronçons. Le premier, solidement boulonné sur la semelle d'ancrage comporte un raccord type baïonnette pour la fixation du Dampferzeuger (Générateur de vapeur). Ce raccord est enserré par l' Herzstück , un bouclier en forme de cœur. Le dernier tronçon, très court, joue le rôle de frein de bouche. Il se compose d'une dizaine de plaques perpendiculaires à l'axe de tir, et d'une autre, en partie basse, fortement galbée. Le piston ainsi freiné est également tiré vers le bas afin de ne pas endommager le FZG 76 au décollage. Les sept tronçons intermédiaires sont parfaitement identiques et donc interchangeables. Chacun d'eux forme un caisson autoportant de 6.00 m de long, composé de 24 frettes semblables, solidarisées par les tôles d'habillage. Au centre court un tube de 292 mm de diamètre dont la partie supérieure forme une sorte de large glissière limitée sur les côtés par deux réglettes métalliques espacées de 455 mm et coupée au centre par une fente de 15 mm de large pour laisser passer le crochet du piston . La liaison de la structure porteuse avec le tube et la glissière est assurée par des biellettes réglables. À l'intérieur du tube et sur toute la longueur court un jonc que le piston, au fur et à mesure de son avancée, plaque contre la fente pour assurer l'étanchéité et limiter les pertes de pression. Un étroit plancher et une main courante, sur le côté gauche, permettent au personnel de circuler pour effectuer le rinçage, le graissage et la mise en place des crochets supportant le jonc d'étanchéité. L'érection de la catapulte se réalise bien sûr à partir d'éléments grâce à une grue portique Nagelkran (grue aiguille), qui circule sur un rail type chemin de fer à l'écartement de 3,20 m , construit sur 76 m , le long des plots. L'appui de chaque tronçon se fait sur un chevalet en cornière métallique de 70 mm , avec étrésillon simple aux trois premières paires de plot, puis double ensuite. Cette catapulte ( Rohrschleuder ) WR 2.3 Walter, a, comme son nom l'indique, une capacité de 2,3 tonnes et doit imprimer au FZG 76 une vitesse pratique minimum de 250 km/h en moins d'une seconde, soit une accélération approchant les 19 g . Le procédé choisi pour cela est la réaction du permanganate de potassium sur le peroxyde d'hydrogène (H 2 0 2 ). La puissance développée pendant ce bref instant est de 24 880 ch avec une pression de 57,57 bars, et la poussée alors imprimée au piston est de 50 tonnes avec une dégagement de chaleur de 450 °C , chiffres qui démontrent à quelles terribles contraintes était soumis le matériel. Cette décomposition exothermique dégage un volume considérable d'oxygène et vaporise l'eau dont la pression aide au lancement, ce qui valut à la catapulte le surnom de “canon à vapeur”.

Appareil de préparation au tir Anlaßgerät  :
Scellé sur le côté gauche de la dalle de tir, c'est un pivot qui supporte en partie basse une bonbonne contenant à la fois de l'air comprimé à 16/18 bars, ainsi qu'un mélange huile/essence relié au circuit d'alimentation des gicleurs de démarrage du FZG 76. En partie haute du pivot, on trouve deux boîtiers électriques étanches, l'un relié au FZG 76 pour le contrôle des circuits, et l'autre au Dampferzeuger , le tout pour commander la mise à feu à partir du bunker de tir. Dans un premier temps, le circuit électrique du tableau de mise à feu est contrôlé et la commande de Dampferzeuger relié à l' Anlassgerät . Les valves réductrices à la sortie des boules d'air comprimé du FZG 76 sont ouvertes, mettant le réservoir de carburant et les commandes des servomoteurs sous pression. La bougie placée au dessus de la tuyère ainsi que le circuit des trois gicleurs de démarrage sont reliés à l' Anlassgerät . Par injection dans les gicleurs de démarrage, l'air vaporise le carburant qui commence à monter dans la chambre de combustion, et une excitation de la bougie suffit à l'enflammer.
En l'absence de pression dynamique sur l'avant, la tuyère ne fournit alors aucune poussée mais s'échauffe. Le raccord Trennkupplung d'alimentation en carburant et le câble raccordé à la bougie de démarrage sont ensuite débranchés. La pulvérisation simultanée de peroxyde d'hydrogène et de permanganate est alors déclenchée et la pression s'élève violemment dans la chambre de réaction du Dampferzeuger .

Alors que le FZG 76 s'éloigne déjà vers son objectif, le patin ou luge de tir et le piston retombent sur le sol et seront récupérés pour un usage ultérieur. Le Dampferzeuger est alors découplé pour être ramené à l'atelier où il subit un rinçage soigneux et une recharge en air comprimé et réactifs. La catapulte est aussi rincée à grande eau pour éliminer toute trace de permanganate et de peroxyde d'hydrogène avant le tir suivant.

Générateur de vapeur Dampferzeuger
C'est une chambre de très forte épaisseur construite en alliage et montée sur un chariot bas qui lui vaut le surnom de Kinderwagen (voiture d'enfant). Elle est fixée à la catapulte par un dispositif type baïonnette. Son volume interne de 50 litres est le théâtre de la réaction chimique que nous venons de voir mais dont il convient d'étudier de plus près les composants.
Le T-Stoff 92 % Wasserstoff Superoxyd ou bioxyde d'hydrogène, mais plus souvent dénommé peroxyde d'hydrogène, est en fait une eau oxygénée dosée à 92 %.
Le Z-Stoff Zusatzstoff Kaliumpermanganat in wässeriger Lösung , permanganate de potassium, aussi appelé Rubid Stoff, utilisé comme catalyseur.
Sur le même chariot sont donc montés :
     - le réservoir de T-Stoff , en long sur le côté droit, au niveau du châssis ;
     - le réservoir de Z-Stoff , en travers, sur l'avant gauche du châssis ;
     - les trois bouteilles d'air comprimé à 250 bars nécessaires à l'injection de ces produits dans la chambre de réaction. Elles sont placées en biais sur le côté gauche de l'appareil et la bouteille centrale sert de volume tampon pour réguler le débit des deux autres.
Le mélange chimique s'exécute dans la chambre de réaction, à travers huit gicleurs diamétralement opposés, quatre pour le Z-Stoff au-dessous, et quatre pour le T-Stoff , au-dessus.

Le piston de lancement Schleuderkolben
Il transmet au FZG 76 toute la poussée qu'exerce sur lui l'effet de la réaction. C'est un piston à deux têtes qui mesure 1,34 m , pèse 150 kg environ et se compose de cinq pièces. Sur la partie centrale, un tunnel et une petite languette en plan incliné doivent, avec les saignées sur chaque tête, permettre le passage et la mise en place du jonc d'étanchéité. C'est également sur ce tunnel qu'est fixé le crochet, sorte d'étrave de 15 mm d'épaisseur sur lequel s'engagera le sabot de catapultage du FZG 76. Une glissière d'obturation de la fente ( Schlitzabdeckrohr ) est ensuite mise en place. Elle assure à l'arrière du piston ce que le jonc ( Abdichtrohr ) fera à l'avant, c'est à dire l'étanchéité au moment de la montée en pression. Malgré leur masse, les pistons retombaient à 250 ou 300 m de leur point de départ et pouvaient être aisément repérés grâce à leur couleur rot 23 (rouge).
Si la catapulte, le piston et le Dampferzeuger sont des éléments nécessaires au lancement, ils ne sont cependant pas suffisants et lorsque nous retrouvons le FZG 76 au sortir du bâtiment de réglage Richthaus (ou Richtbau ), il lui reste encore énormément d'étapes à franchir.

Le chariot porte-FZG 76 Zubringerwagen
Le transport du FZG 76 depuis le Richtbau jusqu'à la dalle de tir, puis son transfert sur la catapulte se réalise grâce à un chariot spécial, le Zubringerwagen , composé de deux parties. L' Unterwagen , un châssis de 80 cm de haut est monté sur quatre petites roues commandées par un timon à chaque extrémité pour faciliter les manœuvres. À la partie supérieure, deux glissières entretoisées, montées sur de gros ressorts à boudins, prolongées par deux rails Verbindungsschiene relevés à l'avant suivant un angle de 6°, permettent un raccordement parfait avec la catapulte.
L'Oberwagen
, ou berceau porte-FZG 76 est une sorte de diabolo en structure tubulaire surnommé Spazierstock (canne de marche), bien évidemment verrouillé sur l' Unterwagen au cours des phases de déplacement. Il comporte une sous-ventrière à l'avant, réglable par deux manivelles placées de part et d'autre, et surtout un berceau-luge Schlitten à l'arrière qui, en cours de manœuvre, a également pour but de rigidifier l' Oberwagen . Soigneusement mise en place, cette luge a une importance capitale et va accompagner le FZG 76 jusqu'à l'extrémité de la catapulte. Elle se compose d'une semelle avec patin de bois surmontée d'un berceau revêtu d'un tapis caoutchouteux traversé par deux plots. L'un est nécessaire au calage sous le ventre du FZG 76 et l'autre est destiné à maintenir ouvert un contact à lame qui ne se refermera donc qu'à la séparation en bout de catapulte, pour mettre les circuits électriques en service. Guidé par les rails, le Zubringerwagen est amené au pied de la catapulte puis arrimé sur elle. L' Oberwagen est roulé jusqu'à sa position de tir, ce qui requiert l'effort conjugué de quatre hommes, mais le plus souvent, de toute l'équipe présente. Par relâchement de la sous-ventrière avant, Le FZG 76 est descendu précisément à l'aplomb du crochet de piston. L' Oberwagen est alors dégagé puis ramené sur le Zubringerwagen , afin que l'ensemble soit retiré du pas de tir pour laisser place au Dampferzeuger maintenant accouplé sur la catapulte. L'équipe de tir peut désormais accomplir les procédures de lancement et commencer par mettre en service l'appareillage de préparation au tir ( Anslassgerät ).

Le V1 d'essai Bumskopf
L'assemblage délicat que représente la catapulte, et le procédé violent qu'elle utilise, nécessitent un étalonnage préalable à sa mise en service. On utilise pour cela le Bumskopf . C'est une gaine d'acier de 65 cm de diamètre, 3 m de longueur dont le poids est approximativement celui d'un FZG 76. Cet engin est muni d'un rail avec patin fixe et sabot pour catapultage, et aussi parfois d'un anneau de levage pour la récupération. Afin de suivre la trajectoire au cinéthéodolite, le Bumskopf est uniformément peint en rot 23 , ou selon des sources non confirmées, avec le corps en blanc et l'ogive seule en rouge, ce qui semble pourtant plus plausible. Bumskopf ou FZG 76 ont strictement le même sabot de lancement et sont bien évidemment propulsés par le même modèle de piston.

Par Yannick Delefosse

Témoins du passé